Le château de Nagoya
Le château de Nagoya est l’une des attractions phares de la capitale du Chûbu. Le donjon et ses fortifications se situent au nord de la ville, dans le quartier de Naka-ku, à deux pas du parc Meijō. Initialement inauguré en 1612 et détruit par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le monument est reconstruit en 1959. Il fait aujourd’hui partie des 100 plus beaux châteaux du Japon.
Le donjon du château de Nagoya (ou Nagoya-jô) est un monument impressionnant qui, de loin, semble émerger de la végétation du parc environnant. Il faut dire que la zone où il se situe est l’un des « poumons verts » de la quatrième plus grande ville du Japon.
Une promenade aux abords du château est donc tout indiquée si vous souhaitez vous éloigner un peu du centre ville et de ses hautes tours de béton. La visite vous donnera, en prime, l’occasion de feuilleter une page importante de l’Histoire du Japon.
La petite histoire du château de Nagoya
Comme de nombreux châteaux au Japon, le château de Nagoya n’a pas résisté à l’épreuve du temps. Le Trésor National qu’il était avant la Guerre du Pacifique a perdu son statut après sa reconstruction. Il a néanmoins intégré la liste des Sites Historiques spéciaux, en témoignage de son rôle majeur dans l’Histoire du Japon.
Un héritage du clan Tokugawa
Originellement, le château de Nagoya date de 1612. Les travaux de construction débutent en 1610, à la demande de Ieyasu Tokugawa, dont le clan règne sur le Japon pendant toute la période Edo (1603-1868). Nagoya est alors un avant-poste d’importance dans le dispositif de défense d’Edo. Son château devient rapidement un lieu de résidence apprécié du shogun, qui y fait escale lors de ses voyages à Kyoto.
Il séjourne principalement dans le palais Honmaru Goten. Achevé en 1615, cet édifice somptueux est considéré comme l’un des plus beaux exemples d’architecture résidentielle de samouraï de toute l’histoire du Japon. Il est la demeure principale de Yoshinao Tokukawa, premier seigneur de la province d’Owari et le neuvième fils du shogun.
À partir de la restauration de Meiji (1868), Nagoya-jô est placé sous l’autorité de la Maison Impériale, avant de revenir à la ville de Nagoya, qui l’administre toujours aujourd’hui. Quant au palais Honmaru Goten, il est entièrement détruit pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, après avoir survécu à toute l’époque Edo, à la fin du shogunat et à plusieurs tremblements de terre. Mais son histoire ne s’arrête pas là, comme nous le verrons un peu plus loin…
Dans les pas de Katô Kiyomasa
Face à tant de noms prestigieux, on pourrait s’attendre à croiser de nombreuses statues des Tokugawa dans le parc du château de Nagoya. Il n’en est rien. C’est en effet un autre personnage qui leur vole la vedette : Katô Kiyomasa (1562-1611), guerrier de renom et daimyo de la province de Kumamoto. Kiyomasa est connu pour avoir participé à l’unification du Japon aux côtés de Toyotomi Hideyoshi, fondateur du château d’Osaka et grande figure de la période Sengoku (qui précède la mise en place du premier shogunat). Tous deux étaient d’ailleurs originaires du même village, Nakamura, aujourd’hui inclus dans le territoire de Nagoya. Ce qui n’empêchera pas Kiyomasa de trahir le fils de son ami durant la bataille de Sekigahara (1600) et de rallier l’armée des Tokugawa….
Également connu comme maître bâtisseur, Katô Kiyomasa participe à la construction du château de Nagoya dès 1610. On raconte qu’il serait parvenu à bâtir les murs de pierre du donjon en trois mois ! Au nord-est du donjon, une énorme pierre encastrée dans un mur porte même le nom de pierre de Kiyomasa. Plus au sud, une statue représente Kiyomasa au sommet d’un énorme rocher.
Kiyomasa ne verra cependant jamais son oeuvre achevée. Il meurt empoisonné en 1611, un an avant la fin des travaux.
Que visiter dans l’enceinte du château de Nagoya ?
Si Nagoya-jô fait partie des incontournables de la préfecture d’Aichi, c’est parce qu’il concentre en un même lieu plusieurs curiosités qui méritent le détour. Derrière ses fortifications de pierre se cache un vaste parc, particulièrement agréable en période de hanami et de koyo. Peuplé d’arbres majestueux et de statues disséminées parmi les bosquets, cet espace verdoyant est dominé par l’imposante silhouette du donjon.
L’impressionnant donjon du château de Nagoya
Le donjon de Nagoya-jô mesure 55,6 mètres répartis sur 7 étages et un sous-sol, soit une surface au sol de 4424,5 m2. Un incontestable géant !
Peu de châteaux au Japon peuvent rivaliser avec un tel monument. On peut le comparer, par exemple, au château d’Osaka, avec lequel il partage de nombreux points communs.
EN SAVOIR PLUS
Le château d’Osaka
Comme le château d’Osaka, Nagoya-jô a bénéficié d’une reconstruction en béton très éloignée de son style architectural d’origine. Des ascenseurs permettent désormais de parcourir les différents étages, qui abritent un musée vaste et moderne.
Depuis 2019, le donjon du château de Nagoya est en travaux, afin de répondre aux nouvelles normes antisismiques.
Ces travaux devraient se terminer fin 2022. En attendant, le bâtiment est inaccessible au public. Il est toutefois possible d’effectuer une visite virtuelle sur Google Street View.
Mise à jour : juin 2022
Un autre point commun à ces deux châteaux est la présence de shachihoko, créatures réputées pour éloigner les incendies, qui symbolisent également l’autorité du seigneur féodal. À Nagoya, on parle plutôt de kinshachi. Ce mot désigne deux énormes sculptures dorées représentant un dauphin à tête de tigre, qui ornent les extrémités du toit. On peut se procurer des modèles réduits de ces kinshachi dans la boutique de souvenirs du château.
Enfin, le donjon du château de Nagoya abrite évidemment un observatoire. Situé au septième étage, il offre un large panorama sur l’ensemble de la ville.
Le palais Honmaru Goten, joyau du château de Nagoya
Outre son donjon, l’enceinte du château de Nagoya abrite un véritable chef-d’oeuvre d’architecture, la reconstruction du Honmaru Goten. L’élégant palais de style Shoin-zukuri, qui figurait parmi les premiers Trésors Nationaux du Japon avant sa destruction en 1945, a en effet été entièrement rebâti.
Sa reconstruction date de 2009. Elle a mobilisé de nombreux artistes et artisans, travaillant suivant les techniques traditionnelles. Et le résultat est impressionnant !
Lors de votre visite, prenez le temps d’admirer les portes coulissantes (fusuma) ornées de peintures de tigres, léopards, chats musqués et autres faisans, qui déambulent avec grâce dans de splendides décors végétaux. Ces oeuvres m’évoquent un peu les paravents fusuma-e du temple Daijo-ji. Leurs couleurs sont incroyables !
Il est possible de visiter le palais Honmaru Goten en visite virtuelle. Ne manque que l’odeur entêtante des tatami et le parfum du bois de cyprès Hinoki pour se sentir transporté…