Château d'Osaka (Kansai)
Osaka

Le château d’Osaka

Quand on pense à la capitale du Kansai, certains lieux viennent immédiatement à l’esprit. Parmi eux, les quartiers de Namba et Shinsekai, Dotonbori et son ambiance délirante, Umeda sky garden, le Tsutenkaku… et le château d’Osaka bien-sûr (Ôsaka-jô).

Ce château japonais est très particulier pour moi, puisqu’il s’agit du tout premier que j’ai visité dans l’archipel. Ce qui lui confère une place très singulière à mes yeux, entre émerveillement… et déception. Depuis, ma route a croisé celle des châteaux de Nagoya, HiroshimaFukuyama, Iwakuni, Karatsu, Kitsuki… J’ai aussi exploré les vestiges d’anciens donjons, à Fukuoka et Shizuoka notamment. Mais c’est Ôsaka-jô qui a réellement forgé mon regard sur les châteaux japonais.

Sur les traces de Toyotomi Hideyoshi

Contrairement au château d’Hiroshima qui ne fut jamais assiégé, le château d’Osaka connaît une histoire tumultueuse, faite de guerres et de trahisons. Il est le fruit d’une époque mouvementée, où émergent trois illustres personnages: Oda NobunagaToyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu. Tous trois sont considérés aujourd’hui comme les unificateurs du Japon.

Aux origines du château d’Osaka

Nous sommes au 16ème siècle, et le Japon sort d’une sombre période, les guerres d’Ônin, qui ont profondément divisé le pays. Le pouvoir est alors aux mains des petits seigneurs féodaux, qui règnent d’une poigne de fer sur leurs provinces, et se combattent mutuellement. Sous l’impulsion d’Oda Nobunaga, la reconquête du pouvoir débute dans les années 1560. Elle va progressivement aboutir à l’unification du pays, sous la bannière du grand vainqueur, le clan Tokugawa.

L’histoire du château d’Osaka est liée à Toyotomi Hideyoshi (1537-1598). À la mort d’Oda en 1582, Toyotomi prend l’avantage sur tous ses rivauxEn 1583, il entame la construction d’Ôsaka-jô avec l’ambition d’en faire une réplique du château d’Oda. Les travaux dureront près de 15 ans. 

Statue de Toyotomi Hideyoshi, château d'Osaka

Achevé en 1598, ce nouveau château surpasse largement son modèle. Il est, à l’époque, le plus grand château du Japon, construit pour assoir la puissance de la famille Toyotomi. Mais Toyotomi Hideyoshi n’en profitera pas longtemps: il meurt la même année, laissant le château à son fils. Sa tombe se trouve à Koyasan, dans le cimetière Okuno-in.

Déjà endommagé par un séisme en 1596, le château d’Osaka est attaqué en 1614 par les troupes de Tokugawa Ieyasu, devenu shogun en 1603. Toyotomi remporte une victoire inespérée, contre une armée deux fois supérieure en nombre! La joie sera de courte durée cependant. L’année suivante, le château est de nouveau assiégé par les Tokugawa, qui remportent cette fois la victoire. Nous sommes en 1615, le clan Toyotomi disparaît et le château d’Osaka est complètement réduit en cendres. 

Renaissance et évolution

En 1620, Hidetada, successeur d’Ieyasu Tokugawa, commande la reconstruction du château d’Osaka. Les murs de pierre, encore visibles aujourd’hui, datent de cette époque. Malheureusement, le destin s’acharne et, en 1665, le château est de nouveau détruit par le feu, après avoir été frappé par la foudre. S’en suit une longue période d’abandon, qui durera jusqu’aux années 1840, où une première campagne de réparations a lieu. En 1868, les combats de la restauration Meiji causent de nouvelles destructions, et le site du château devient alors un lieu de casernement sans grande ambition, peuplé de baraquements. Finalement, l’ultime reconstruction du donjon est achevée en 1931. Pour s’assurer que le bâtiment ne subisse plus d’incendies, il est reconstruit en béton armé. C’est sans doute ce qui lui permettra de survivre aux bombardements américains en 1945 (malgré quelques dommages).

Le château visible actuellement a été restauré en 1997, et transformé en musée. C’est désormais un lieu de culture et de promenade, bien éloigné de son usage originel.

Un impressionnant patrimoine militaire

Aujourd’hui, les boutiques de souvenirs et autres échoppes de street food ont remplacé les baraquements. Au sein d’un magnifique parc d’environ 6 hectares, cerné par d’immenses douves, se côtoient familles en promenade et voyageurs curieux, dans une ambiance chaleureuse. L’enceinte du château d’Osaka abrite notamment un jardin peuplé d’environ 600 cerisiers, particulièrement agréable au printemps. Plusieurs monuments commémoratifs sont également disséminés dans les environs, parmi lesquels une statue de Toyotomi Hideyoshi.

On trouve aussi dans l’enceinte du château un sanctuaire, le Hôkoku-jinja, gardé par d’imposantes statues de lions (komainu). L’endroit est joli, plutôt calme… car la foule est ailleurs!

L’attraction principale est en effet le donjon en lui-même, dont la silhouette massive domine l’ensemble du site. 

Un majestueux donjon

Monument emblématique d’Osaka, le donjon du château figure même sur les plaques d’égout de la ville. Il faut dire qu’il est particulièrement élégant et photogénique, à défaut d’être d’origine.

Plaque d'égout château d'Osaka, préfecture d'Osaka

On y accède par un escalier en pierre massif, tandis qu’une rampe d’accès en verre permet aux personnes à mobilité réduite d’entrer par l’arrière. C’est dans la file d’attente que j’ai vécu l’une de ces scènes insolites qui font la magie du Japon: un gardien passait parmi les visiteurs, un filet à la main, pour capturer les insectes qui virevoltaient autour de nos têtes. Curieux métier…

À l’assaut du château d’Osaka

Nous voici donc au pied du château. Immédiatement, c’est l’esthétique du bâtiment qui impressionne. Trois couleurs dominent: le blanc des murs, le bleu-vert des toitures et l’or des ornements discrets qui habillent le tout. Extérieurement, Ôsaka-jô est vraiment sublime. Son esthétique tout en légèreté masque parfaitement la véritable nature de l’édifice.

Château d'Osaka, façade en contreplongée

En effet, difficile d’imaginer que tout ceci n’est qu’une « coquille », destinée à cacher un tout autre bâtiment. Haut de 54,8 mètres, le château d’Osaka possède cinq niveaux visibles de l’extérieur… mais huit étages en réalité! Vous avez dit étrange? Ce sentiment est renforcé par l’aménagement intérieur très moderne, qui n’a absolument rien à voir avec l’esthétique classique d’un château japonais.

J’ai visité plusieurs reconstructions en béton de donjons japonais, et jamais je n’ai ressenti un tel décalage. À l’époque de ma visite, j’ignorais les détails de l’histoire du château d’Osaka. C’est donc tout naturellement que j’ai ressenti une profonde déception une fois à l’intérieur.

 Aujourd’hui, je relativise beaucoup ce sentiment, car j’ai une bien meilleure connaissance de ce type de patrimoine. En réalité, cette reconstruction du début de l’ère Showa est très atypique. De plus, il n’existe plus qu’une douzaine d’authentiques châteaux au Japon. Ces édifices de bois, destinés à la guerre, n’étaient pas faits pour résister au temps. Et après trois destructions totales, on peut comprendre que le choix du béton armé ait été jugé plus sûr. 

Une vue panoramique sur la capitale du Kansai

Une visite optimale d’Ôsaka-jô commence par prendre l’ascenseur jusqu’au 5ème étage, puis l’escalier pour 3 étages supplémentaires, pour rejoindre l’observatoire situé au sommet. On redescend ensuite par les escaliers, en explorant une à une les différentes parties du musée.

Le sommet du donjon se trouve à environ cinquante mètres de haut. Il offre une vue panoramique à 360 degrés sur Osaka, à peine masquée par la présence d’un filet de sécurité. L’occasion d’apprécier la taille du parc du château, véritable « poumon vert » au coeur de la ville.

Vue panoramique depuis l'observatoire du château d'Osaka

Un passage par l’observatoire donne également l’occasion d’admirer de près les shachihoko, sorte de poissons-tigres dorés qui ornent les toitures du donjon.

Le musée du château d’Osaka

Dernière étape de notre visite, le musée du château est un lieu passionnant, qui offre un éclairage foisonnant sur l’histoire du site et de la ville d’Osaka. Le tout traduit en anglais. On y apprend, par exemple, de nombreuses informations sur la vie de Toyotomi Hideyoshi, les guerres qu’il a mené et la vie quotidienne à son époque. Plus de 10000 objets témoignent de cette période mouvementée de l’histoire du Japon.

Peinture au musée du château d'Osaka

Peintures, maquettes de bois et diorama illustrent des scènes de bataille au cours du second siège d’Osaka. Au premier étage, on peut également observer de près une réplique des shachihoko décorant les toits. Un objet magnifique.

Shachihoko au musée du château d'Osaka

D’une manière plus générale, j’ai apprécié la richesse des collections de ce lieu qui reste, de loin, le plus beau « musée de château » que j’ai vu au Japon. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais avant d’entrer dans Ôsaka-jô, mais j’en garde un souvenir très positif. 

En conclusion, je vous recommande bien-sûr la découverte du château d’Osaka, en gardant à l’esprit l’impact de la reconstruction sur l’intérieur du site. Ce n’est pas toujours aussi flagrant dans les châteaux japonais, mais ici les choix architecturaux ont vraiment transformé en profondeur l’identité du lieu… ce qui pourra déstabiliser (voire même décevoir) les voyageurs non informés. 

Si vous passez par Osaka, une balade dans le parc, à la fraîcheur des arbres, est une activité incontournable. La visite du musée est plus anecdotique, à réserver aux voyageurs curieux d’histoire ou aux amoureux des jolis panoramas.

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