Pavillon d'argent Ginkaku-ji, Kyoto (Kansai)
Kyoto

De Ginkaku ji au chemin de la philosophie

Ginkaku ji, le Pavillon d’Argent, n’a rien à envier au célèbre Pavillon d’Or qui fait la renommée de Kyoto. J’ai visité ce lieu apaisant par un après-midi d’avril pluvieux, avant d’emprunter le mythique chemin de la philosophie (Tetsugaku no Michi) sous les cerisiers en fleur. 

Dans mes souvenirs, ces deux spots de visite sont indissociablement liés. J’ai donc décidé de vous les faire découvrir en même temps. De toute façon, il y a de fortes chances pour que vous les visitiez ensemble si vous vous rendez sur place.

Mes photos prises sous la pluie ne rendent malheureusement pas justice à la beauté des lieux. Mais cette météo grise m’a au moins permis de profiter d’une promenade très apaisante, loin de la foule habituelle du hanami à Kyoto.

Ginkaku ji, l’élégant Pavillon d’Argent

Le Pavillon d’Argent de Kyoto est presque aussi célèbre que Kinkaku ji, le Pavillon d’Or. Mais peu de personnes savent que celui que l’on surnomme Ginkaku ji se nomme en réalité Jisho ji. Il s’agit d’un temple bouddhiste zen.

Une petite histoire de Ginkaku ji

C’est en 1482 que Ginkaku ji, le Pavillon d’Argent, est construit sur ordre du shogun Ashikaga Yoshimasa (1435-1490), afin de lui servir de lieu de retraite. À l’origine, l’objectif était de rivaliser avec le mythique Pavillon d’Or bâti par son grand-père. Ginkaku ji aurait donc dû être recouvert d’argent, mais les aléas de la guerre en décidèrent autrement. Pendant la construction, la guerre Onin entamée en 1467 s’intensifia, obligeant le shogun à stopper son projet… Ce dernier ne sera jamais pleinement achevé.

Finalement, Ashikaga Yoshimasa se fit moine bouddhiste zen en 1485, et le Pavillon d’Argent devint un temple après sa mort.

Kô getsudai et esthétique zen

Simple et épuré, le Pavillon d’Argent se veut aujourd’hui un digne représentant de l’esthétique zen, aux antipodes du Pavillon d’Or dont il est pourtant le reflet. Son élégante austérité contraste avec la richesse ostentatoire de Kinkaku ji. Elle se retrouve également dans l’aménagement du jardin sec qui entoure le pavillon, fait de sable blanc ratissé avec soin. 

Pour un regard occidental, ce type de jardins relève davantage de l’oeuvre d’art que du simple travail de jardinier. Destiné à la méditation, le jardin zen offre une représentation très stylisée de la nature. Ici, les rochers sont des îles et les sillons dans le sable, des vagues.

Tas de sable dans le jardin zen du Ginkaku-ji, Kyoto

Un curieux tas de sable, appelé Kô getsudai, domine ce bel espace de sa silhouette massive. Représentant le Mont Fuji, il aurait été laissé là par les ouvriers lors de l’interruption des travaux de construction, et serait resté depuis.

Promenade dans le jardin de Ginkaku ji

Le jardin de Ginkaku ji est vaste. On y croise petits ponts, jardin des mousses et cascades, au pied desquelles brillent des milliers de pièces de monnaie. Non loin du Pavillon d’argent, l’étang Kinkyochi, bordé d’arbres sinueux, offre une halte reposante avant d’entamer l’ascension vers les hauteurs arborées du parc. 

Lors de la promenade, on croise également le Tôgudo, un autre pavillon à l’architecture raffinée, datant de 1486. Classé Trésor National du Japon, il est l’unique structure d’origine conservée à Ginkaku ji, en-dehors du Pavillon d’Argent lui-même. La visite se poursuit sur les hauteurs, offrant un panorama magnifique sur l’ensemble du site et la ville de Kyoto cernée par les montagnes. On redescend ensuite, pour achever la promenade par un dernier passage au pied de l’édifice.

Panorama sur Ginkaku-ji depuis les hauteurs, Kyoto

On dit parfois que beaucoup de japonais préfèrent le Pavillon d’Argent au Pavillon d’Or pour sa sobriété. Mon avis n’est pas aussi tranché, car le Pavillon d’Or représentait pour moi un rêve de gamine. Mais je dois avouer que Ginkaku ji dégage une aura particulière, plus sereine peut-être ? Difficile de mettre des mots précis sur ce ressenti, il vous faudra donc l’expérimenter par vous-même…

Horaires : Ouvert tous les jours, de 8h30 à 17h

Tarif : ¥500 par adulte, ¥300 par enfant

Plus d’informations sur www.shokoku-ji.jp

Mise à jour : mai 2021

Tetsugaku no michi, le chemin de la philosophie

Cap à présent sur Tetsugaku no michi, le célèbre chemin de la philosophie. Ce dernier démarre à deux pas de Ginkaku ji, et conduit jusqu’à un autre temple, le Nanzen ji

Dans les pas du philosophe Kitarô Nishida

La promenade a été aménagée en 1890 dans le joli quartier de Sakyo, en même temps que le canal du lac Biwa qu’elle longe sur près de 2km. Elle doit son nom à un célèbre professeur de philosophie de l’Université de Kyoto, Kitarô Nishida (1870-1945). Il l’empruntait chaque jour pour aller travailler, en méditant sous les arbres.

Chemin de la philosophie, Kyoto

Pavé de pierres et bordé de lanternes par endroits, le chemin de la philosophie est une promenade hors du temps… qui ne dure pourtant qu’une trentaine de minutes si on la fait d’une seule traite. Heureusement, elle offre de nombreuses distractions pour faire durer le plaisir, disséminées de part de d’autre du canal. Il s’agit de boutiques par exemple, mais aussi de restaurants, cafés et petits stands de street food. Sans oublier les nombreux temples et sanctuaires qui jalonnent le parcours.

Sanctuaire shinto sur le chemin de la philosophie, Kyoto

L’endroit ne manque vraiment pas de charme, et offre un décor idéal au photographe attentif. On y croise également quelques gangs de chats farceurs, qui n’hésitent pas à approcher les touristes pour réclamer une friandise…

Un spot exceptionnel pour hanami 

J’ai volontairement gardé pour la fin ce qui est, selon moi, le plus bel atout de Tetsugaku no michi: ses très nombreux cerisiers. Plus de 300 arbres bordent en effet le cours d’eau, créant une atmosphère incroyablement poétique en période de hanami. À cette époque de l’année, le canal se remplit de pétales roses pâles, qui s’accumulent pour former un magnifique tapis pastel.

Pétales de sakura dans le canal du chemin de la philosophie, Kyoto

J’imagine Kitarô Nishida, marchant d’année en année sous ces cerisiers au printemps, et méditant sur l’éphémère beauté de la vie, tandis qu’il vieillissait inexorablement. Il paraît que l’endroit est également très joli en automne, pendant le koyo. Les érables qui bordent le canal prennent alors une belle teinte rouge… J’aimerais beaucoup voir un jour ce spectacle.

La réputation de la promenade du philosophe est telle que l’endroit est évidemment pris d’assaut en période de hanami. Il est généralement recommandé de s’y rendre tôt le matin, ou en fin d’après-midi, pour savourer les lieux en toute quiétude. À moins de faire comme moi et de vous y rendre par temps gris, armé d’un bon parapluie, et de prendre tout votre temps… avec philosophie.

6 commentaires

  • Cécile

    Pour avoir parcouru le chemin de la philosophie au printemps et en automne, je te confirme que la période des koyo va égalment très bien au chemin de la philosophie 😉
    Je te souhaite de pouvoir en profiter en automne.
    Merci pour ton article, comme toujours, bien documenté.

    • セシリアCéci

      Merci pour ce retour d’expérience Cécile, effectivement j’ai très envie de retourner dans ce quartier de Kyoto à l’automne, pour voir ce que ça donne. Contente que cet article de remémore de beaux souvenirs de voyage en tout cas 😉

  • Yoyo

    Je connaissais déjà le pavillon d’argent mais ce petit chemin philosophique est une découverte. Et je dois dire qu’il me plait énormement! Il me tarde d’y aller!
    Je ne sais pas si le fait que je sois bretonne joue beaucoup, mais je trouve que la pluie apporte un certain charme aux paysages ^_^ ». Encore plus au Japon… Tout parait si calme et paisible, un peu hors du temps…!
    Merci pour cette petite balade Céci!

    • セシリアCéci

      Je te rejoins Yoyo sur ton ressenti, le chemin de la philosophie est le véritable coup de coeur de cet article, plus que le Ginkaku-ji même si j’ai beaucoup apprécié la découverte de ce dernier. Il règne sur le parcours une ambiance vraiment douce et inspirante en période de hanami, et la pluie apporte une dose de sérénité supplémentaire (il paraît que le site peut être vraiment bondé par beau temps). Très heureuse de t’avoir fait découvrir un endroit nouveau, et qu’il ait rejoint ta liste 😉

  • Juju

    Oui, un très beau souvenir que cette journée pluvieuse à Kyoto. Une petite boutique vendait des profiteroles à la crème au matcha à deux minutes de l’entrée du temple 😊. Délicieux ! Mais c’est de la balade sur les hauteurs du jardin que je me rappelle le plus ! Quant au chemin de la philosophie, très beau également : c’est un des lieux où je me suis senti le plus transporté dans les décors traditionnels du Japon, comme si j’étais dans un film.

    • セシリアCéci

      C’est vrai que le décor est vraiment très typique dans cette partie de Kyoto. Il y a des endroits plus spectaculaires bien-sûr, mais là on expérimente quelque chose de plus serein et intime. Finalement la pluie a peut-être aidé, car il paraît qu’en temps normal et surtout pendant le hanami, les bords du canal sont bondés ! Le jardin était très beau effectivement, ça reste une superbe souvenir pour moi aussi 🙂

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