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La tradition des ema au Japon

Un témoignage de la spiritualité japonaise

Au Japon, les lieux de culte abritent généralement une boutique où l’on peut se procurer divers objets. Les prédictions (omikuji) ou talismans (ofuda ou omamori) permettent de conjurer le mauvais sort, voire de s’attirer les faveurs d’une divinité, pour réussir un examen ou rencontrer l’amour par exemple. Les Japonais sont très superstitieux et n’hésitent pas à mettre leur chance à l’épreuve à la veille d’une étape importante de leur vie. Hastumode, la première visite au sanctuaire de l’année, est aussi l’un de ces moments privilégiés pour solliciter la bienveillance des kami, afin de s’assurer une année de chance et de prospérité.

La fonction d’un ema est un peu différente. Cette petite plaque en bois sert à transmettre un message aux divinités, par exemple un voeu ou des remerciements. Elle permet donc d’entretenir une sorte de correspondance privée avec les kami. Plutôt sympa, non ?

De nos jours, l’ema est indissociable de l’image du Japon et de ses sanctuaires, à la manière du torii. Mais si la tradition est bien shintoïste, on retrouve souvent cet objet dans les temples bouddhistes également, où il coûte en moyenne ¥500.

L’origine des ema

En japonais, le mot ema évoque la figure du cheval blanc, messager des kami. L’objet serait apparu durant la période Heian (794-1185), dans une volonté de simplification du culte. En effet, à l’origine, envoyer un message aux kami nécessitait de sacrifier des chevaux. Ces derniers furent progressivement remplacés par des figurines en terre cuite ou en bois, avant que l’usage de l’ema, plus économique, ne s’impose. Deux siècles plus tard, des artistes commencent à s’emparer de ce support, donnant naissance aux ema illustrés tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Chaque complexe religieux dispose désormais de ses propres ema, dont les formes et les dessins reflètent l’histoire ou l’identité. Au sanctuaire Kushida-jinja de Fukuoka par exemple, où la célébration de Setsubun est particulièrement importante, c’est cette fête qui sera représentée. Même chose au sanctuaire Hakuto-jinja de Tottori, dont l’histoire est liée à la légende du lapin blanc d’Inaba, qui figure donc sur la plupart des plaques votives.

Ema Setsubun au sanctuaire Kushida jinja, Fukuoka
Ema au sanctuaire Hakuto-jinja, préfecture de Tottori

À noter que la fabrication des ema est aujourd’hui rarement artisanale. Ce sont généralement des entreprises spécialisées qui se chargent de la découpe du bois et de l’impression de plaquettes.

De l’art de faire un vœu au Japon

Tout comme la prière, le vœu formulé à travers un ema est un acte important, qui nécessite un certain état d’esprit. Avant de rédiger votre texte au dos de la plaquette, interrogez-vous. Votre souhait est-il pur et respectable ? Tenter d’attirer le mauvais œil sur une autre personne, par exemple, est un vœu risqué qui pourrait bien se retourner contre vous!

De plus, un vœu doit être raisonnable, et atteignable par vos propres moyens. Les divinités récompensent toujours ceux qui font preuve de courage et ne ménagent pas leurs efforts pour atteindre leurs objectifs. C’est la même philosophie que lorsque l’on dessine la première pupille d’une figurine daruma. Il ne s’agit pas d’attendre que le souhait formulé se réalise tout seul.

Ema au temple Daisho in à Miyajima, préfecture d'Hiroshima

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si de nombreux ema reprennent l’image de daruma, comme une invitation à la persévérance.

Que devient un ema après avoir été accroché ?

Chaque année, de très nombreux ema sont accrochés dans les temples et sanctuaires nippons, si bien qu’il est impossible de tous les conserver. C’est pourquoi les plaquettes sont décrochées et brûlées au cours d’une cérémonie appelée Sagicho (ou Dondoyaki). Cette fête du feu purificatrice, caractérisée par la présence d’un grand bûcher, a généralement lieu à la mi-janvier. C’est aussi à cette occasion que sont détruites les figurines daruma de l’année précédente.

Il existe au Japon des ema de toutes sortes. De quoi ravir les collectionneurs ! Certains d’entre eux se caractérisent par leur forme atypique (rond, étoile), d’autres par leur matière. Au sanctuaire Tozan d’Arita, par exemple, les ema sont en porcelaine, afin de rendre hommage au savoir-faire des artisans locaux.

Ema de porcelaine du sanctuaire Tozan d'Arita, préfecture de Saga

Des objets originaux et colorés

S’il est également très fréquent de croiser des ema liés au signe zodiacal de l’année en cours, ou à la divinité du lieu, tous les motifs ne sont pas forcément religieux. On croise parfois des ema kawaii, représentant des personnages connus de la pop culture japonaise, par exemple Rilakkuma.

Ema Rilakkuma au temple Senkoji, Onomichi, préfecture d'Hiroshima

À travers le motif de ses ema, chaque lieu de culte japonais peut exprimer son identité propre. C’est ce qui rend l’objet particulièrement intéressant à collectionner. Le Kaeru dera d’Ogori, par exemple, propose des ema à motifs de grenouille. Le Gotoku-ji de Tokyo, réputé pour ses maneki neko, a quant à lui choisi de représenter des chats porte-bonheur. 

Ema orné de grenouilles, temple kaeru dera, préfecture de Fukuoka
Ema au temple Gotokuji, Setagaya, préfecture de Tokyo

Le sujet du dessin peut également être lié aux caractéristiques géographiques du lieu. Ainsi, la plupart des temples et sanctuaires situés sur les flancs du mont Fuji proposeront des représentations du Fujisan.

Ema Fujisan au sanctuaire Sengen-jinja, Shizuoka (Chûbu)
Ema Fujisan au sanctuaire Sengen-jinja, Shizuoka

L’ema, un souvenir de voyage parfait

Vous trouvez un ema bien trop joli pour être laissé sur place ? Rien ne vous empêche de vous en offrir un, afin de le conserver comme souvenir de voyage

L’ema, c’est un peu l’omiyage parfait. Il est peu encombrant, joli, typique d’un lieu particulier… et pas cher. Comptez 500¥ en moyenne pour vous en procurer un à la boutique du sanctuaire.