Chars et feux d’artifices au Chichibu Yomatsuri
Chaque année début décembre, la ville de Chichibu s’anime pour célébrer les moissons lors du Chichibu Yomatsuri. Cet événement haut en couleurs, fêté pour la première fois en 1713, fait partie des rares matsuri hivernaux. C’est aussi l’un des trois plus importants festivals de chars au Japon, avec le Takayama matsuri (en avril) et le Kyoto Gion matsuri (en juillet).
Chichibu Yomatsuri s’étale sur 2 jours, les 2 au 3 décembre, mais le clou des festivités est sans conteste le grand défilé des chars, qui a lieu le dernier soir. Depuis la gare d’Ikebukuro à Tokyo, il faut à peine 90 minutes en train (ligne Seibu) pour rejoindre le site du festival, niché dans les montagnes de la préfecture de Saitama. Pour l’occasion, de nombreux trains circulent plus tardivement qu’à l’accoutumée, si bien qu’il est tout à fait possible de faire l’aller-retour dans la journée. C’est même hautement recommandé, la ville de Chichibu comportant peu d’hébergements touristiques.
Immersion dans l’atmosphère du Chichibu Yomatsuri
Nous sommes le 3 décembre 2019, et l’après-midi touche lentement à sa fin tandis que je débarque sur les quais de la gare Seibu à Chichibu. N’ayant jamais voyagé au Japon l’été, c’est la première fois que j’assiste à un véritable matsuri, et je suis impatiente d’en découvrir l’atmosphère.
Marché du terroir, oden et goshuin
L’expérience commence dès le parvis de la gare, où de nombreuses échoppes de street food hivernale côtoient les stands d’un petit marché du terroir. L’odeur est alléchante. Après un saut rapide du côté du sanctuaire de Chichibu, coeur des festivités dont je récupère le précieux goshuin, je décide de manger avant la tombée de la nuit et l’arrivée du gros des visiteurs. Une généreuse portion d’oden (sorte de pot-au-feu japonais) fera l’affaire. Tous les connaisseurs vous le diront: c’est le mets idéal pour se réchauffer et prendre des forces en hiver!
Ambiance festive à Chichibu
Le jour déclinant, je m’éloigne de la gare pour rejoindre les ruelles du quartier Banba, tandis qu’une foule de plus en plus compacte commence à se rassembler le long des trottoirs. Quelques gradins (payants) sont aménagés aux points stratégiques du défilé, mais je me contenterais volontiers d’un petit carré de trottoir. Prudemment, je me glisse parmi les spectateurs déjà installés. Certains, au premier rang, sont bien équipés: petite chaise pliante, coussin, thermos… Je m’attends presque à les voir sortir le service à thé, la bouilloire et les petits biscuits! Plus question de bouger à présent que j’ai trouvé ma place, au croisement de deux rues passantes où les policiers nippons assurent avec zèle la circulation. La nuit tombe doucement, il fait un peu froid mais la chaleur humaine m’entoure. Il est à présent 19h… que le défilé commence !
Le mythique défilé des chars du Chichibu Yomatsuri
Si Chichibu Yomatsuri est aujourd’hui inscrit sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, c’est notamment pour l’impressionnante parade nocturne de ses chars flottants.
Yatai et kasaboko
Ces chars sont au nombre de six, un par quartier de la ville. Parmi eux, quatre yatai représentent les quartiers de Honmachi, Miyaji, Nakamachi et Uemachi. Ces yatai sont d’énormes structures de bois, habillées d’étoffes colorées et de lanternes.
Les deux chars restants sont de type kasaboko, dont la forme évoque un grand parapluie orné de fleurs. Le poids total de ces 6 chars est estimé à près de 20 tonnes.
Une ambiance survoltée !
« Ho-ryai ! Ho-ryai ! » crient les porteurs de ces monstres, vêtus de la tenue traditionnelle (happi). Au rythme des taiko, la procession envahit les grandes artères de Chichibu, marquant une pause à chaque croisement de rues, le temps de manoeuvrer les énormes chars qui tanguent dangereusement. Dès 19h30, le ciel commence à s’embraser, et c’est un incroyable feu d’artifice de près de 2h30 qui commence.
Tandis que la nuit avance, la ferveur des participants ne faiblit pas. Quel spectacle ! Un véritable esprit de camaraderie semble régner dans les rangs des porteurs, qui s’encouragent avec vigueur. Pendant ce temps, sur le toit des chars, les plus téméraires haranguent la foule, lanternes à la main. J’imagine qu’ils sont perchés là-haut pour surveiller le bon déroulement des manoeuvres.
Il est presque 22h à présent. Le dernier yatai est passé, les feux d’artifice se tarissent et les premiers mouvements de foule signent la fin du matsuri. Le temps est venu de rejoindre la gare, des étoiles plein les yeux.
Que dire, sinon que Chichibu Yomatsuri mérite sans nul doute sa réputation ? Chaleureux et coloré, le festival offre un spectacle grandiose. Et si vous ne pouvez y assister, rendez-vous au Chichibu Festival Hall pour admirer les chars tout au long de l’année.
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