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Les plaques d’égout japonaises

Un art urbain original et poétique

Au Japon, on appelle ces plaques d’égout manhôru (terme dérivé de l’anglais manhole). Et le moins que l’on puisse dire, c’est ce que ces dernières ne manquent pas de peps, contrairement à celles (un peu tristes) qui ornent nos trottoirs occidentaux !

Véritables oeuvres de street art, ces plaques sont extrêmement photogéniques. Elles sont même devenues, au fil du temps, des curiosités touristiques qui attirent bon nombre de collectionneurs. Ces derniers partagent leurs photographies en ligne, promouvant au passage un loisir abordable et très addictif, que chacun peut pratiquer lors de son voyage au Japon.

Les premières plaques d’égout apparues au Japon dans les années 1950 n’étaient guère différentes de celles que l’on trouve aujourd’hui en Occident. Elles représentaient des motifs géométriques très simples, sans effort artistique particulier. C’est en 1985 que les choses évoluent, sous l’influence d’un haut fonctionnaire du ministère des Travaux Publics nommé Yasutake Kameda.

La petite histoire des plaques d’égout japonaises

À cette époque, l’État japonais souhaite développer et moderniser le vaste réseau d’égouts de l’archipel nippon, mais les travaux coûtent très cher. Il est donc important de convaincre l’opinion japonaise, qui se montre sceptique, voire même critique à l’égard du projet. C’est dans ce contexte que Kameda propose à sa hiérarchie de transformer les plaques d’égout en éléments de décor urbain.

Finalement, le projet parvient à fédérer, et la sélection des motifs de ces manhoru devient une véritable passion nationale. On estime qu’environ 95% des municipalités japonaises disposent aujourd’hui de leurs plaques d’égout personnalisées. Rien qu’à Osaka, ce sont 10 % des 180000 manhoru de la ville qui sont décorés d’un motif… dont près de 1900 en couleur.

Plaque d'égout château d'Osaka, préfecture d'Osaka
La plaque d’égout du château d’Osaka.

La plus célèbre de ces plaques d’égout, représentant le château d’Osaka sous les cerisiers en fleurs, se décline même désormais sous forme de biscuits, commercialisés dans les boutiques de souvenirs de la capitale du Kansai…

Les plaques colorées de ce type sont cependant assez rares, car presque deux fois plus chères à fabriquer que les manhoru « classiques ». La résine teintée est en effet appliquée à la main, ce qui engendre des coûts de main d’oeuvre non négligeables.

Un véritable phénomène culturel

Plusieurs structures ou associations fédèrent la communauté des amateurs de plaques d’égout japonaises. On peut notamment citer la Japan Ground Manhole Association, ou encore la Japanese Society of Manhole Covers, dont les membres recensent avec passion l’ensemble des manhoru existant sur un site Internet quelque peu vieillissant… Autre exemple : le compte Manhole Covers publie quant à lui de nombreuses photographies sur Instagram, au gré des trouvailles de son auteur.

Plaque d'égout à Kitsuki, préfecture d'Oita
La plaque d’égout de Kitsuki (préfecture d’Oita)
Plaque d'égout des dunes, préfecture de Tottori
La plaque d’égout des dunes de Tottori (préfecture de Tottori)

Comme souvent au Japon, l’aspect « chasse au trésor » séduit énormément les amateurs, qui collectionnent les photographies de manhoru à la manière des tampons touristiques.

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Il existerait aujourd’hui plus de 12 000 modèles de plaques d’égout au Japon, et ce chiffre ne cesse de croître. Rien qu’en 2019, 100 manhoru Pokémon ont été disséminés à travers l’ensemble de l’archipel. À la manière des gotochi cards, leurs motifs s’inspirent principalement des monuments et paysages locaux, mais aussi des spécialités, mascottes, personnages historiques, matsuri… De quoi mettre en lumière tout un pan méconnu de ce Japon régional, rarement évoqué dans les guides de voyage.

Plaque d'égout du parc Yoshinogari, Kanzaki, préfecture de Saga
Plaque d’égout du parc Yoshinogari à Kanzaki (préfecture de Saga)

Les manhoru colorés sont évidemment les plus jolis. On les croise le plus souvent sur les sites touristiques, en nombre généralement très limité. Certaines villes ont cependant fait le choix de les multiplier, comme Beppu par exemple, où l’on peut croiser de nombreuses plaques fleuries dans le quartier situé entre la gare centrale et la plage.

Les monuments les plus remarquables constituent également des motifs de choix, dont le rendu est particulièrement photogénique. La superbe plaque d’égout du quartier historique de Koedo Kawagoe en est un excellent exemple. Elle représente le célèbre clocher de la ville, dans un décor rappelant l’ancienne Edo.

Plaque d'égout à Kawagoe, préfecture de Saitama
Plaque d’égout à Kawagoe (préfecture de Saitama)

Les plaques incolores ont beaucoup de charme elles-aussi. Moins tape-à-l’oeil mais tout aussi élégantes, elles témoignent de la grande diversité des paysages nippons.

Il existe également au Japon des manhole cards détaillant les motifs de ces plaques d’égout. Elles sont disponibles gratuitement dans divers lieux de distribution, dont la liste figure sur le site officiel du GKP (la plateforme de relations publiques pour les égouts).

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Depuis 2018, les plaques d’égout Pokémon se multiplient à travers le Japon, faisant le bonheur des fans. Elles sont le fruit d’une collaboration entre The Pokemon Company et diverses villes et préfectures du Japon, qui souhaitent ainsi attirer de nouveaux visiteurs sur leurs territoires.

La plaque d’égout Pokemon de Naha, hommage aux shisa d’Okinawa.

Appelées Pokéfuta, ces plaques d’égout Pokémon se cachent parfois dans des lieux assez confidentiels. Elles représentent certains des Pokémon les plus emblématiques de la franchise. Parmi eux, on peut citer Evoli, star d’Ibusuki. Pour l’anecdote, Evoli se nomme iibui (イーブイ) au Japon, et le nom Ibusuki ressemble donc à iibui suki (litt. « j’aime Evoli »).

Autre exemple : Lokhlass est l’ambassadeur incontesté de la préfecture de Miyagi. Ici, la présence de plaques d’égout Pokémon prend un sens particulier, l’objectif étant de relancer le tourisme dans une zone durement frappée par le séisme de Tohoku en mars 2011.

Il existe à ce jour plus de 350 plaques d’égout Pokémon disséminées à travers l’ensemble du Japon. L’intégralité de la liste peut être consultée sur le site officiel.

Que vous souhaitiez les collectionner ou non, ne manquez pas de scruter le sol lors de vos pérégrinations nippones : nul doute que vous serez surpris par la richesse insoupçonnée des plaques d’égout japonaises.