Dejima, préfecture de Nagasaki (Kyûshû)
Nagasaki

Dejima, l’île-musée de Nagasaki

Dejima, à Nagasaki, est un lieu atypique et passionnant. Cette petite île-musée offre en effet un témoignage surprenant des relations complexes unissant la ville à l’Occident.

Depuis que j’ai commencé à écrire sur Nagasaki, je n’arrête pas de décrire cette ville comme une cité cosmopolite. Je pense en effet  que c’est l’une de ses caractéristiques les plus frappantes. Nagasaki évoque immanquablement le sakoku, cette période de repli volontaire du Japon vis-à-vis du reste du monde, qui dura plus de 200 ans (1641-1853). À cette époque, la ville bénéficie d’un statut particulier, les rares échanges commerciaux avec l’étranger y étant autorisés.

Les liens privilégiés de Nagasaki avec l’Occident

Ces liens concernent principalement les marchands néerlandais, qui ont l’autorisation d’accoster sur l’île artificielle de Dejima. La Chine et la Corée, pays voisins, conservent également des relations commerciales limitées avec l’archipel, qui passent par la préfecture de Nagasaki.

La ville d’Hirado, au nord de la préfecture, est le tout premier point de contact entre le Japon et l’occident à l’époque Edo. Elle restera d’ailleurs le centre du commerce international entre l’archipel et le reste du monde pendant très longtemps. Par la suite, cette activité sera déplacée à Nagasaki même.

Durant l’ère Meiji (1868-1912), la réouverture au monde donne une nouvelle fois à la ville l’occasion de se distinguer. Forte de sa longue histoire commerciale avec l’étranger, elle devient l’un des berceaux de l’industrialisation japonaise et de la diffusion de la culture et des savoirs venus d’occident. L’entreprise de Thomas Blake Glover, négociant écossais spécialisé dans le commerce du thé, est l’un des exemples les plus connus de cette « occidentalisation » galopante.

Ces informations en tête, impossible de visiter la ville sans s’attarder sur certains incontournables, dont l’importance dépasse largement le cadre de l’histoire locale. Parmi eux: Dejima, petite enclave artificielle, en plein coeur de Nagasaki.

L’île de Dejima

Le nom dejima signifie littéralement « île extérieure ». Sa construction remonte à 1634. À cette époque, Nagasaki commerce principalement avec les Portugais. La ville leur doit d’ailleurs l’une de ses spécialités, le カステラ (castella), un petit gâteau tout moelleux, importé au 16e siècle.

Billet à Dejima, Nagasaki

La passionnante histoire de Dejima

Si l’île de Dejima est initialement bâtie à l’attention des Portugais, ces derniers n’y demeureront qu’une petite dizaine d’années, avant d’en être chassés en 1641. Ce sont alors les Néerlandais, basés à Hirado, qui s’approprient durablement le site. À l’origine, l’île ne sert qu’au déchargement des bateaux, avant de se doter d’entrepôts et d’habitations. Le pont reliant Dejima à la terre ferme est constamment sous bonne garde, Japonais et Néerlandais se surveillant mutuellement. À la fin de son expansion, Dejima mesure 120m de long, pour 75m de large. C’est donc une enclave minuscule, où se développe un style de vie éclectique, dont témoigne l’atmosphère des habitations.

La collision des cultures

Architecture orientale, mobilier occidental. Tout ici semble dépareillé : la sobriété des tatami et la richesse des luminaires, les fines cloisons de papier ornées de tapisseries colorées, dont les motifs rappellent par endroit ceux des porcelaines de Delft… La reconstitution est surprenante, bigarrée. Dans ce décor disparate, c’est le mélange de deux cultures fondamentalement différentes qui se dévoile. Une table dressée avec soin, probablement très exotique pour un japonais, me semble étrangement familière… Tandis que les motifs de certaines tapisseries trahissent la fascination réciproque que se vouaient sans doute ces deux mondes en collision.

Le site abrite également des salles d’exposition plus classiques, où l’on découvre la vie quotidienne des habitants et l’histoire des relations commerciales entre le Japon et l’Occident. Dans le jardin, probablement très joli à la belle saison, une grande maquette permet de visualiser la physionomie globale de l’île. 

Maquette de Dejima, Nagasaki
Dejima, Nagasaki

On quitte Dejima en traversant un élégant bâtiment de style occidental, illuminé à la tombée de la nuit.

Horaires : Ouvert de 8h à 21h

Tarifs : ¥520 par adulte

Plus d’informations sur www.nagasakidejima.jp

Mise à jour : mai 2020

10 commentaires

  • Cécile

    Encore un super article : fluide, documenté et bien illustré (mentions spéciales : à la photo de ton ombre, elle m'a bien fait rire + photos gotochi card).
    J'ai du mal à écrire ce commentaire tellement les photos de castella m'ont faites baver !!! On dirait une éponge (enfin je n'ai jamais mangé d'éponge mais j'imagine que ça aurait la texture des castella…).
    Merci pour ce partage !

  • Olivier

    Mention spéciale à la photo-dossier avec la mascotte, j'adore ! Plus sérieusement, je pensais que le secteur était tout petit et qu'il ne reste que très peu de choses à voir mais ce n'est pas du tout le cas. Tu conseilles combien de temps de visite (en prenant son temps pour les photos, du me connais ^^).

  • セシリア Céci

    Tu parles de Dejima ? Effectivement, c'est très petit, mais il y a quand-même de quoi t'occuper au moins une bonne heure, peut-être davantage selon le temps que tu passeras à lire les différents panneaux d'expo, prendre des photos, etc. La saison et la météo lors de ta visite joueront probablement : par exemple, je n'ai pas pris la peine de photographier le jardin, mais j'ai vu des photos printanières très jolies sur un site de location de kimonos. En dehors de ça, le quartier de l'église d'Ôura est joli, si tu couples la visite de l'église + Glover Garden + le Gunkanjima digital museum (que je n'ai pas fait), je pense que tu as de quoi t'occuper un après-midi sans trop de problème. Pour Gunkanjima, j'espère avoir un jour l'occasion de voir ça de mes yeux, mais il paraît qu'accoster sur l'île est compliqué, le risque étant que la sortie en mer soit annulée si la météo s'en mêle. Et puis il y a le Fukusai-ji, un temple en forme de tortue (!) que j'ai vu de loin mais pas exploré. Bref, trop de trucs !!!
    En fait Nagasaki n'est pas une grande ville (en comparaison avec Tokyo ou Hiroshima), du coup les sites sont globalement assez regroupés. On sent que son développement a été handicapé par la barrière de montagnes qui l'entourent, les terrains ont donc plutôt été gagnés sur la mer, ce qui accentue la physionomie déjà très atypique de la ville. Je pense que pour savourer la découverte, trois journées complètes sur place ne sont pas de trop.
    Après il y a le reste de la préfecture, et là je suis frustrée de ne pas en avoir assez vu : Sasebo (avec le parc Huis Ten Bosch, dont j'ai aperçu ce que je pense être l'hôtel Okura depuis le train, qui était vraiment impressionnant), Hirado (pour le côté historique), le village de potiers d'Hasami (dont je ne sais pas trop ce qu'il vaut), le mont Unzen au sud…
    Je suis définitivement motivée à y retourner à l'occasion, pour approfondir tout ça, revoir les amis sur place, et savourer l'ambiance de la ville qui m'a vraiment étonnée.

  • セシリア Céci

    Ahlala, je suis vraiment contente que mes efforts sur le travail d'écriture soient remarqués par quelqu'un. J'adore la photo avec l'ombre chinoise moi aussi, je n'ai pas pu résister à l'intégrer dans mon article lol
    Je te confirme que le castella est vraiment une belle découverte gustative, surtout si tu es bec sucré comme moi lol Et je ne te parle pas de ces caramels de l'enfer !!! lol
    La texture du castella est très moelleuse. Si tu as déjà mangé des momiji manju, la pâte est la même en fait (mais la forme est évidemment très différente). Bref, j'ai vraiment aimé, je crois que ça se voit 🙂

  • Cécile

    Je suis très sensible à l'écriture et c'est normal de faire un retour sur ton travail que je suis déjà depuis plusieurs années. Je ne peux que t'encourager !!! Cécilia go go go !!!
    Team bec sucré à fond !!! Je trouve que le castella est bien plus moelleux que le momiji manju mais bon ça dépend du fabriquant je pense. Je te rassure nous avons bien compris que tu avais aimé le castella 😉

  • Yoyo

    Je rejoints le commentaire de Cécile H. C'est un super article, encore une fois. Exactement comme on les aime! On apprend, on se détend, on apprécie, on est admiratif et on en veux toujours plus! Les photos sont vraiment chouettes (surtout celle avec l'ombre), la mascotte est trop mignonne… bref! À cause / grâce à toi, il me faudra plusieurs voyage au Japon car c'est un lieu que je valide! 😀
    Merci beaucoup Céci, continue comme ça!

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