Jardins japonais

Lieux de détente et de méditation

En matière de jardins, les japonais n’ont rien à envier aux européens. Entre deux visites touristiques, rien ne vaut une halte dans un jardin japonais pour ralentir le rythme et s’offrir une parenthèse ressourçante, au contact de la nature. Jardins-promenades, jardins secs ou de thé… Il en existe de nombreuses variétés, dotées de caractéristiques propres.

Lieux de détente, de culture et de contemplation de la nature, les jardins japonais sont régis par quelques grands principes, avec lesquels il peut être utile de se familiariser. Votre visite n’en sera que plus enrichissante !

Les grands principes du jardin japonais

L’inspiration est dans la nature

Contrairement aux jardins à la française, les jardins japonais se caractérisent par un équilibre fondé sur l’asymétrie. Ce qui ne veut pas dire que le jardinier laisse libre cours à la nature… bien au contraire ! Rien n’est laissé au hasard, et c’est d’ailleurs à sa subtile imitation de la nature qu’on reconnaît un grand jardin. 

L’art du bonsai est la quintessence de cette esthétique consistant à mimer la nature. Il s’agit de miniaturiser une plante ou un arbre, à l’aide d’outils et de techniques diverses (tailles et pincements, ligatures, maîtrise des apports nutritifs…). Un bonsai réussi donnera l’illusion d’avoir été soumis à la force des éléments… alors qu’il aura totalement été modelé par l’Homme.

S’il est inspiré par la nature, le jardin japonais n’en est pas forcément une représentation fidèle et réaliste. À la manière d’un peintre, le jardinier pourrait être comparé à un artiste, qui offrira une représentation plus ou moins abstraite de son modèle, selon sa sensibilité.

Symbolisme et abstraction

En matière de symbolisme, il existe trois grandes écoles de jardins japonais, inspirées par l’art de la calligraphie. Le jardin régulier (shin) est conçu comme un tableau réaliste, dont les éléments sont simples à identifier. Dans un tel jardin, une colline figurera la montagne, et un plan d’eau la mer, etc. À l’opposé, on a le jardin stylisé (sô), totalement abstrait et dont l’interprétation demandera au visiteur davantage d’imagination. On retrouve dans cette catégorie les jardins zen, avec leurs étendues de sable soigneusement ratissées, qui pourront figurer les vagues par exemple. Enfin, le jardin cursif (gyô) est un compromis entre ces deux approches, où le symbolisme est omniprésent.

Un jardin intégré à son environnement

Le jardin japonais étant fait pour être admiré depuis l’intérieur de la maison, un peu comme un tableau, son organisation dépend avant tout de l’implantation de l’habitation. Lorsque la maison possède une vue, cette dernière pourra, par exemple, être intégrée à la composition du jardin. C’est ce qu’on appelle la technique du shakkei, ou « emprunt de paysage ».

A contrario, un jardin japonais peut aussi s’épanouir dans un petit espace clos. Le tsuboniwa, ou jardin de cour, en est le parfait exemple. Le terme s’applique aux jardins mesurant au moins 3,3m2. Peuplés de plantes naines, de pierres et de lanternes, ces jardins ornementaux apportent une touche de nature et de fraîcheur aux habitations trop exiguës pour accueillir un véritable jardin. Ils peuvent aussi servir de transition entre les espaces quand la demeure est vaste.

Les différents types de jardins japonais

D’une manière générale, on peut classer les jardins au Japon en quatre grandes catégories. Jardins de thé et jardins-promenade sont faits pour être sillonnés à pied, suivant un parcours prédéfini. Jardins secs et jardins paradis, quant à eux, sont conçus pour être admirés depuis un endroit fixe.

Roji, le jardin de thé

Le roji est un jardin moussu, conçu pour apaiser le visiteur afin de le préparer à l’atmosphère de la cérémonie du thé. Tel un ermite quittant la ville pour rejoindre sa cabane isolée dans les montagnes, celui-ci est invité à la détente et à la contemplation, tandis qu’il suit un parcours précis menant au sôan (草庵), le pavillon de thé.

Jardin Gyokusen-en, Kanazawa, préfecture d'Ishikawa (Chûbu)

Une fois à l’intérieur, il pourra profiter d’un moment de détente en contemplant sereinement la nature environnante, une tasse de thé à la main. Le jardin Shôkado de Yawata appartient à cette catégorie.

Le jardin-promenade (ou d’agrément)

Ce type de jardin, comme son nom l’indique, est conçu pour la déambulation. Au fil de la balade, le jardin-promenade dévoile ses nombreux points de vue, soigneusement mis en scène par le jardinier. Véritable tableau vivant, il suit un parcours prédéfini et peut, par exemple, s’organiser autour d’un plan d’eau (on parle alors de jardin à visite circulaire). Dans ce décor inspirant, montagnes et vallées, ponts et pavillons de thé, s’intègrent avec harmonie.

Parmi ces jardins-promenade, on peut citer le Shukkeien d’Hiroshima, ou le Keitakuen d’Osaka. Sans oublier le Kenrokuen de Kanazawa, parmi les plus célèbres du Japon.

Karesansui, le jardin sec abstrait

Ce type de jardin zen offre une vision très stylisée et dépouillée de la nature, propice à la méditation. Principalement constitué de roches soigneusement disposées et de sable, avec parfois quelques arbustes à feuilles persistantes, il prête à toutes sortes d’interprétations. Le jardin sec représente souvent un paysage de montagnes ou d’îles émergeant de l’océan. 

Pavillon d'argent et son jardin zen, Kyoto

Le jardin entourant Ginkaku-ji, le Pavillon d’Argent, est un bel exemple de karesansui, où un immense tas de sable figure le mont Fuji. Mais le plus connu reste le jardin du temple Ryoan ji, à Kyoto.

Le jardin-paradis

Proche du jardin d’agrément, le jardin-paradis est davantage tourné vers le symbolisme. Il offre une représentation stylisée de concepts tirés de la cosmologie bouddhique, sans toutefois atteindre le niveau d’abstraction du jardin sec. Le jardin du temple Byodo-in, à Uji, est souvent cité comme exemple.

Envie d’en découvrir davantage ? Retrouvez-ci dessous quelques beaux exemples de jardins japonais visités au cours de mes voyages au Japon

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